Histoire des rues de Rennes : Épisode 1 • Science & Révolution

Nous gérons de nombreuses copropriétés à Rennes et, bien souvent, les copropriétaires ignorent l’histoire des rues où ils vivent. Pourtant, chaque adresse porte une mémoire : un savant, un révolutionnaire, un étudiant engagé… autant de vies dont les noms s’inscrivent aujourd’hui sur les plaques de nos immeubles.

Après tout, nous traversons chaque jour rues, avenues et squares sans vraiment nous demander qui se cache derrière ces noms familiers. Ce premier épisode de notre série propose donc un voyage culturel dans trois rues où se trouvent certaines de nos copropriétés : l’occasion de mieux connaître votre quartier, et peut-être de glisser une anecdote savoureuse lors d’un repas entre amis.

Camille Guérin : le chercheur derrière le vaccin BCG

(Copropriété 1 à 18 Square du Docteur Guérin)

Qui était-il ?

Né en 1872, Camille Guérin était biologiste et vétérinaire à l’Institut Pasteur de Lille. Avec Albert Calmette, il met au point un vaccin qui changera l’histoire de la médecine : le BCG, premier vaccin efficace contre la tuberculose. Co inventeur du vaccin BCG. (Vaccin bilié de Calmette et Guérin)

Ce qu’il a apporté

Leur trouvaille a permis de faire reculer une maladie responsable de millions de morts. Le BCG reste aujourd’hui l’un des vaccins les plus utilisés au monde. L’invention, issue d’un patient travail d’atténuation du bacille tuberculeux, est considérée comme l’un des succès majeurs de l’Institut Pasteur.

Une anecdote surprenante

Le premier prototype du vaccin a été élaboré… grâce à un veau. Guérin et Calmette l’utilisaient pour cultiver et affaiblir le bacille. Sans cet animal, l’histoire du vaccin aurait pu être bien différente.

Le G de BCG (Vaccin bilié de Calmette et Guérin), c’est Guérin.

Si vous souhaitez en savoir plus :

Institut Pasteur : https://www.pasteur.fr/fr/journal-recherche/actualites/vaccin-bcg-il-y-100-ans-premiere-vaccination-contre-tuberculose
Wikipédia (Camille Guérin) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Vaccin_bili%C3%A9_de_Calmette_et_Gu%C3%A9rin

François Papu : un étudiant rennais mort pour la Liberté

(Copropriété 62 rue Papu)

Qui était-il ?

François Papu (1800–1830) était un jeune étudiant rennais. En juillet 1830, il rejoint les manifestations parisiennes qui aboutiront aux « Trois Glorieuses », événement majeur ayant renversé Charles X. Papu est tué lors des combats du 28 juillet.

Le lien avec Vaneau

Ce qui rend cette rue touchante, c’est qu’à Rennes, le nom de Papu est presque toujours associé à celui de Joseph Vaneau, un autre étudiant rennais tué le lendemain, le 29 juillet.
Les deux jeunes hommes ne se connaissaient pas, mais leurs destins se rejoignent dans l’histoire locale.

Au Parc du Thabor, une colonne commémorative — la Colonne de Juillet — leur rend hommage. Érigée par le poète Hippolyte Lucas et sculptée par Jean-Baptiste Barré, elle porte cette inscription :
« Vaneau – Papu, morts pour la Liberté en juillet 1830 ».

Et petit clin d’œil : nous reviendrons bientôt sur l’histoire d’Hippolyte Lucas, puisque nous gérons une copropriété 11 rue Hippolyte Lucas. Patience : ce sera dans l’épisode 2.

Une anecdote à connaître

À l’époque, le nom de Papu se répand à Rennes grâce aux journaux locaux, qui voient dans ce jeune étudiant un symbole de courage juvénile. Une rue porte aujourd’hui son nom… mais c’est au Thabor que son histoire se raconte le mieux.

Si vous souhaitez en savoir plus :

Wiki-Rennes : https://www.wiki-rennes.fr/Rue_Papu?
Archives Rennes : https://www.archives.rennes.fr/

Isaac Le Chapelier : le député qui a façonné le droit moderne

(Copropriété 9 rue Isaac Le Chapelier)

Qui était-il ?

Né à Rennes en 1754, Isaac-René-Guy Le Chapelier est avocat, député et figure de la Révolution française. Il participe activement aux États généraux puis à l’Assemblée constituante.

Ce qu’il a apporté

Il est surtout connu pour la loi Le Chapelier (1791), qui interdit les corporations, les coalitions professionnelles et les grèves. Le but : supprimer les anciens privilèges collectifs et garantir l’égalité devant le travail. Une loi pensée pour libérer l’économie, mais dont les effets furent longtemps discutés.

Il défend également l’abolition des privilèges, une justice plus équitable et une modération dans un climat politique extrême. Son positionnement centriste lui vaut d’être guillotiné en 1794, au plus fort de la Terreur.

Une anecdote méconnue

Lors de la fameuse séance de l’Assemblée nationale constituante le 4 août 1789, après l’abolition des privilèges, Le Chapelier aurait demandé qu’un des présents allume une chandelle dans la salle, déclarant que “la liberté ne craint pas la lumière” et que l’aube d’un nouvel ordre social ne pouvait se passer de clarté.

À retenir

Son nom incarne les contradictions de la Révolution : une volonté d’égalité, mais des lois parfois trop rigides.

Si vous souhaitez en savoir plus :

Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Isaac_Le_Chapelier

Assemblée Nationale : https://www2.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche?num_dept=12853

Les rues de Rennes portent des histoires qui dépassent largement le cadre du quotidien. Derrière un square discret, une façade familière ou un nom aperçu des dizaines de fois se cache parfois une invention majeure, un combat politique ou un destin brisé en plein élan.

Nous espérons que ce premier épisode vous aura donné envie de regarder votre adresse autrement. À très bientôt pour l’épisode 2, où d’autres rues — dont celle d’Hippolyte Lucas — dévoileront leurs secrets.